Comment tout a commencé
Corner Coinderoux est, avec Arthus Bertrand et Démons & Merveilles, l'entreprise qui a participé le plus activement et le plus tôt à l'essor du pin's. Les premières propositions furent consacrées au monde de Tintin et constituèrent les premières références d'un catalogue de vente à l'instar de celui de Démons & Merveilles.
Ce fabricant a signé ses réalisations successivement par COINDEROUX, puis CORNER COINDEROUX pour enfin devenir CORNER. Cette signature s'accompagnait le plus souvent d'un copyright d'auteur ou d'éditeur, éventuellement d'un identifiant de série et toujours du numéro de référence de la pièce dans le catalogue.
Ces premières fabrications se caractérisaient par une matrice cuivre, laiton ou zamak, un émaillage grand feu, un clou serti et des petits picots pour maintenir le pin's en place sur le tissu, et puis la touche très personnelle de la marque : une finition de la surface émaillée par une fine couche d'époxy.
En exemple ci-dessus le dos du n° 53, Tintin et Milou marchant et saluant, signé COINDEROUX PARIS, copyright HERGE EXCLUSIVITE EUROPE LOMBARD 86. On remarquera les deux petits picots sur les pieds de Tintin.
La référence 53 date de 1986, les premières émissions se situent aux alentours de l'année 1982.
Outre les représentations de Tintin et des personnages secondaires d'Hergé, Coinderoux inscrira à son catalogue Asterix, Lucky Luke, les Schtroumpfs, Achile Talon, les Bidochons, Percevan, Blake & Mortimer, Kebra, Keubla, les Closh, Jo Zette et Joko, Thorgal, Spirou, Natacha, Gaston, Yoko Tsuno, Yakari, Lucien, Manu, les Tuniques bleues ... Il serait trop long de les énumérer tous.
Ma collection a débuté donc au début des années 80 puisque j'ai conservé les premiers pin's achetés en librairie BD, deux COINDEROUX, les n° 13 et 24, la marque jaune de E.P. JACOBS et le signe du pharaon Kih-Oskh qui a la particularité d'être sans finition epoxy.
On peut donc considérer que le pin's m'a marqué indéfectiblement et que je subis depuis lors la malédiction du pharaon qui me condamne à glaner toutes les belles pièces du trésor à placer dans ma tombe.
La fusée d' Objectif lune n° 29 suivra peu de temps après, le processus s'initiait furtivement, le virus sommeillait jusqu'à l'explosion du phénomène de société qui débuta en 1989. De 1986 à 1988 quelques pionniers débutèrent une chasse effrénée, il n'était pas rare à l'époque de se faire aborder par un quidam qui, à la vue du pin's sur votre revers de veste, vous proposait un achat ou un échange, souvent avec beaucoup d'insistance, cette chasse était alors un sport, il fallait débusquer et capturer l'objet de convoitise en venant à bout de toutes les réticences. Le pin's était encore rare et ne s'obtenait alors qu'au prix d'un éveil permanent et d'habiles négociations. Après 1988 la récupération commerciale de grande ampleur de cet engouement populaire naissant changea les principes de circulation du pin's, ce devint très vite un support de marketing de première importance et un nouveau marché, les bourses d'échanges se multiplièrent de façon vertigineuse.
L'ampleur du phénomène m'a tout d'abord détourné de ce tsunami social, l'abondance et la frénésie ont eu sur moi un effet répulsif, mais mon attrait pour la belle épinglette et ma passion pour la BD m'ont petit à petit amené à céder à l'appel des sirènes et j'ai débuté cette collection par le petit bout de ma lorgnette.
Je n'ai pas répondu aux accents de cette nouvelle mode, j'ai toujours gardé mon libre arbitre et défendu ma ligne de conduite. Après l'extinction de l'hystérie collective ma passion est restée intacte, j'ai continué dans la même voie sans dévier ni faiblir.
Aujourd'hui, avec le recul, je peux mesurer la justesse de mes choix, il m'arrive rarement de sortir une pièce de ma collection qui avance toujours d'un même pas, sans précipitation ni impatience.
Je peux maintenant proclamer in extenso l'excellence de fabricants comme SAGGAY, Démons & Merveilles, Corner Coinderoux, LMI / TABLO, qui concrétisent à eux seuls l'idée que je me fais de l'objet pin's.
CORNER COINDEROUX n° 75, le fameux TOOOOT
d'après la vignette de la page 62 de Tintin en Amérique
Date de dernière mise à jour : 06/04/2021